Interview de Caroline Solé, auteure de La pyramide des besoins humains


Caroline Solé vient de publier son premier roman chez L'école des loisirs (La pyramide des besoins humains). Retour sur ce livre et sa genèse.
Biographie (Site L'école des loisirs) :
Née à la fin du XXème siècle, sous un climat tempéré. Bonne constitution. Mauvaise mémoire. Enfance au clair de lune. Adolescence troublée. Texture : papier. Voyage : intérieur.
Des origines aux antipodes (Calais - Le Caire), escapades londoniennes, vie parisienne dans différents écosystèmes (université, mairie, journalisme).
Site internet : carolinesole.com



Pouvez-vous présenter La Pyramide des besoins humains en quelques mots ?

C’est l’histoire d’une fugue 2.0 qui se déroule à la fois sur le bitume et sur les écrans.

Pourquoi avoir décidé d’écrire sur cette pyramide ? 

L’idée de cette pyramide, avec ses cinq niveaux à franchir, me permettait d’aborder concrètement  le quotidien de ce jeune sans-abri tout en créant  un certain suspense.
En devant prouver que ses besoins sont bien satisfaits, cet adolescent, qui manque à priori de tout, est amené à s’interroger sur sa vie, ses failles, ses désirs.

Vous faites dans ce roman une moquerie acerbe de la société dans cette effervescence superficielle. Pensez-vous que notre société revient aujourd’hui à des besoins plus évolués, mais tout aussi primitifs ? 

L’époque est à « l’hyper » : médiatisation, consommation. Cet excès d’images et de produits peut encombrer une vie. Dans le roman, Christopher cherche sa place, une liberté malgré tout. Cette quête est intemporelle et universelle.


Vous abordez la question de l’image de soi et de la célébrité : pensez-vous qu’on vit dans une société imbue d’elle-même ? 

Avec les selfies, les avatars, on ne sait plus très bien qui est qui. Et surtout, qui nous sommes. Christopher le dit à sa façon : « Un peu comme ces jeunes qui se filment avec leur portable : celui qui vit, c’est celui qui a sa tête sur l’écran et que tout le monde regarde ou celui qui se prend en photo ? »


Selon vous, quel est donc notre premier besoin humain ? 

L’amour. Enfin, après l’eau ! 

Vous construisez avec beaucoup de force un personnage qui vit dans le besoin. Pourquoi avoir choisi un tel personnage ? 

C’est lui qui m’a choisie. Il a surgi dans mon imaginaire pour me convaincre de raconter son histoire avec ses propres mots, sa sensibilité. Je me suis lancée dans l’aventure, touchée par ce petit marginal futé et courageux.


Existe-t-il aujourd’hui, selon vous, une vie possible sans ces nouvelles technologies ? 

Sans technologie, on se coupe d’une partie de la société. La question ne serait pas tant de faire avec ou sans, mais plutôt comment. À nous de faire le meilleur usage de ces nouveaux outils, puisqu’on ne reviendra pas à la charrette ni au Minitel !

Pourquoi avoir destiné ce roman à la jeunesse ? 

Je n’écris pas pour un public précis. C’est un choix de la maison d’édition. Il me convient tout à fait, car les thèmes du roman touchent particulièrement les adolescents, qui subissent de plein fouet cette pression sociale sur la célébrité, la norme et les réseaux sociaux.

Pourquoi L’école des loisirs ? 

Lorsque je cherchais une maison d’édition, j’ai appris que Geneviève Brisac, romancière que j’appréciais beaucoup, était l’éditrice de la collection Medium. Ces mots me touchaient, donc cela avait un sens pour moi de lui envoyer mon manuscrit.  Et puis, L’école des loisirs m’attirait, car, outre son excellente réputation, elle semblait ne pas publier au gré des modes, mais accompagner ses auteurs sur le long terme, avec une grande exigence artistique.

Quels sont vos projets ? 

Écrire, vivre, aimer.

Pour finir, quel effet cela fait-il d’être publiée l’année des 50 ans de L’école des loisirs ? 

C’est impressionnant de découvrir son nom parmi de grands auteurs et des livres cultes. C’est rassurant, aussi, de rejoindre une lignée, un sillon tracé depuis un demi-siècle qui sait s’adapter tout en préservant son intégrité.  

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