Posté par : Tom
4 sept. 2014
Des couleurs pétantes, deux beaux objets livre, quelque chose de sucré, pétillant et doux à la fois. Voilà le premier aperçu d’une série de BD avec déjà deux tomes sortis et dont le second paraît justement aujourd’hui. Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini, qui se sont rencontrées, le disent-elles, autour des Précieuses, pas ridicules, série parue chez Gulf Stream Editeur elle aussi. Elles se lancent ici dans une saga construite autour d’une photo de classe : une photo de classe d’adolescents. Leur volonté ? Parler d’eux, de leurs problèmes, de leurs vies, de leurs relations, mais aussi prendre un peu d’amusement à raconter leurs aventures, leurs sentiments, et créer une classe qui est la leur. Le pari est réussi avec souplesse.
Parler des adolescents et de leurs problèmes

Ainsi, les deux auteures abordent par leur style des univers parfois durs, parfois brutaux, parfois très émouvants qui montrent à quel point on peut être cruel à cet âge là, mais aussi à quel point c’est dur de grandir. Ce sont des leçons maîtrisées avec justesse par leur douceur que ce soit dans le style d’écriture introspectif de Charlotte Bousquet, ou dans les couleurs pastel de Stéphanie Rubini, ces dessins ronds, très jeunesse. Mais elles savent aussi s’adapter et montrent parfois leurs forces, leurs appels au lecteur de façon plus crue : elles n’hésitent pas à finir mal une histoire, à montrer la nudité, à écrire des mots coupants. C’est aussi ça qui fait du pari de ces deux femmes un pari réussi.
Mais aussi montrer l’humanité et la force de l’adolescence
Néanmoins, si ces deux romans graphiques, ou bande-dessinées, abordent avec soin des thèmes difficiles et les traitent avec justesse - et élégance, il faut le dire - ils sont aussi là pour montrer la beauté de l’adolescence, ses forces, et ses rires. Tout est partie d’une amitié entre deux adultes peut-être encore un peu adolescentes - peut-être nous le sommes encore tous un peu - et si elles parlent avec tact de cette période difficile, elles s’amusent aussi à le faire. On le voit dans le style plein de sucré, plein d’amitié, dans les dialogues et les relations, dans toute cette malice des styles qui se côtoient et ne forment qu’un.
Enfin, elles exposent aussi l’adolescence dans toute sa splendeur : ceux qui acceptent, ceux qui voient en l’autre quelqu’un comme eux et non quelqu’un contre eux. Quand le sourire d’un autre illumine la page, c’est tout notre être qui s’en accommode, et dans un monde parfois triste, et dans des histoires parfois crues et qui ne laissent voir qu’une période sombre ou superficielle, ça fait du bien.
Mots rumeurs, mots cutter vient donc s’ajouter avec brio à son prédécesseur Rouge Tagada. Roman graphique dans la même veine que le premier, il raconte toujours avec délicatesse un sujet difficile. Touchante, remarquable et sensible, cette série n’a pas fini de faire parler d’elle… et heureusement !
Elle s’appelle Layla. C’est la rentrée, elle est nouvelle et elle est seule. Seule ? Pas tout à fait, car Alex l’a remarquée. Mais comment l’aborder ? Sur le trajet du collège ? En cours ? À la récré ? Au théâtre ? Qu’importe ! La rencontre est inévitable. Entre elles naît une solide amitié. Et même plus que ça…
Charlotte Bousquet - Stéphanie Rubini
Chez Gulf Stream Editeur - Collection Les Graphiques
56 pages
14 euros 25
Je me suis levée, les mains tremblantes. J’entendais des chuchotements, des rires dans mon dos. J’ai pris le morceau de craie, regardé les chiffres inscrits sur le tableau. Des fractions qui auraient dû être faciles, des fractions qui se délitaient devant moi, des chiffres bizarres, monstrueux, qui me frappaient comme les insultes et les ricanements, comme la vérité qui me sautait au visage...
Charlotte Bousquet - Stéphanie Rubini
Chez Gulf Stream Editeur - Collection Les Graphiques
56 pages
14 euros 25
Chez Gulf Stream Editeur - Collection Les Graphiques
56 pages
14 euros 25
"Vous retrouvez-vous dans les personnages que vous créez ?
CB : Oui, toujours, parce que je crée à partir de moi – mes tripes, mon cœur, mes peurs, mes envies, tics, etc. Pour Mots cutter, mots rumeurs, je suis allée gratter du côté de mon adolescence. Pour Lune et l’ombre, c’est moins visible, mais je fais appel à des souvenirs, des émotions, des petites madeleines, en somme. Même les personnages qui me ont étrangers, j’essaie de les comprendre, de trouver le moyen de me les approprier. Sinon, je crois que cela ne fonctionnerait pas.
SR: Oui, même si comme je l'ai dit plus haut je n'ai jamais été victime de rumeurs ou de harcèlement comme Léa. Mais je connais la pression du groupe, la violence symbolique et réelle qui peut régner dans une cours de récréation. Une simple remarque blessante (sur mes cheveux, mes vêtements toujours trop courts et ringards) pouvait casser et me faire douter pendant des semaines. Le collège c'est la jungle, je n'ai pas d'autre mot...
[...]
SR : L'autre jour j'y repensais et je me disais que le collège c'est se jeter dans le grand bain des adultes sans la censure et l'auto censure qui va avec."
SR: Oui, même si comme je l'ai dit plus haut je n'ai jamais été victime de rumeurs ou de harcèlement comme Léa. Mais je connais la pression du groupe, la violence symbolique et réelle qui peut régner dans une cours de récréation. Une simple remarque blessante (sur mes cheveux, mes vêtements toujours trop courts et ringards) pouvait casser et me faire douter pendant des semaines. Le collège c'est la jungle, je n'ai pas d'autre mot...
[...]
SR : L'autre jour j'y repensais et je me disais que le collège c'est se jeter dans le grand bain des adultes sans la censure et l'auto censure qui va avec."
Et les autres ?
D'autres avis d'amis blogueurs !
- Nathan >>> "On ne sait plus finalement où commence l'une, où commence l'autre, les deux auteures unissent leurs deux arts pour n'en faire qu'un et c'est brillant, poignant, sans jamais oublier de rappeler au lecteur que même dans les pires moments, il y a l'espoir. Une main tendue, un sourire et l'avenir peint de jours meilleurs."
- Temps de livres >>> "Critique des adolescents (que nous fûmes), les auteures savent trouver les mots, les traits et les couleurs pour nous glisser dans ce monde. C’est dur et tendre à la fois. On a envie d’aider Léa, mais l’aurions-nous fait ?"
Une musique ?
Délicatesse, amour, sentiments, enfance, justesse,...
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- "Je ne pouvais pas leur dire... les mots restaient coincés dans ma gorge."

