"Je ne pouvais pas leur dire... les mots restaient coincés dans ma gorge."


                Des couleurs pétantes, deux beaux objets livre, quelque chose de sucré, pétillant et doux à la fois. Voilà le premier aperçu d’une série de BD avec déjà deux tomes sortis et dont le second paraît justement aujourd’hui. Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini, qui se sont rencontrées, le disent-elles, autour des Précieuses, pas ridicules, série parue chez Gulf Stream Editeur elle aussi. Elles se lancent ici dans une saga construite autour d’une photo de classe : une photo de classe d’adolescents. Leur volonté ? Parler d’eux, de leurs problèmes, de leurs vies, de leurs relations, mais aussi prendre un peu d’amusement à raconter leurs aventures, leurs sentiments, et créer une classe qui est la leur. Le pari est réussi avec souplesse.



    Parler des adolescents et de leurs problèmes

                Comme dit ci-dessus, Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini ont créé une classe pour leur série, partie d’une photo de classe dessinée par Stéphanie Rubini. Puis pour chaque tome, elles abordent un ou plusieurs personnages, dans une histoire sucrée ou acide, tantôt drôle tantôt touchante. Pour Rouge Tagada, elles abordent la différence et la recherche de son orientation sexuelle, la découverte de sa sexualité, l’acceptation de soi et de l’autre. Pour leur nouveau, Mots rumeurs, mots cutter, elles abordent les problèmes des moqueries, du harcèlement parfois, des mots ou rumeurs répandues de façon blessante.

                Ainsi, les deux auteures abordent par leur style des univers parfois durs, parfois brutaux, parfois très émouvants qui montrent à quel point on peut être cruel à cet âge là, mais aussi à quel point c’est dur de grandir. Ce sont des leçons maîtrisées avec justesse par leur douceur que ce soit dans le style d’écriture introspectif de Charlotte Bousquet, ou dans les couleurs pastel de Stéphanie Rubini, ces dessins ronds, très jeunesse. Mais elles savent aussi s’adapter et montrent parfois leurs forces, leurs appels au lecteur de façon plus crue : elles n’hésitent pas à finir mal une histoire, à montrer la nudité, à écrire des mots coupants. C’est aussi ça qui fait du pari de ces deux femmes un pari réussi.

    Mais aussi montrer l’humanité et la force de l’adolescence

                Néanmoins, si ces deux romans graphiques, ou bande-dessinées, abordent avec soin des thèmes difficiles et les traitent avec justesse - et élégance, il faut le dire - ils sont aussi là pour montrer la beauté de l’adolescence, ses forces, et ses rires. Tout est partie d’une amitié entre deux adultes peut-être encore un peu adolescentes - peut-être nous le sommes encore tous un peu - et si elles parlent avec tact de cette période difficile, elles s’amusent aussi à le faire. On le voit dans le style plein de sucré, plein d’amitié, dans les dialogues et les relations, dans toute cette malice des styles qui se côtoient et ne forment qu’un.

                Enfin, elles exposent aussi l’adolescence dans toute sa splendeur : ceux qui acceptent, ceux qui voient en l’autre quelqu’un comme eux et non quelqu’un contre eux. Quand le sourire d’un autre illumine la page, c’est tout notre être qui s’en accommode, et dans un monde parfois triste, et dans des histoires parfois crues et qui ne laissent voir qu’une période sombre ou superficielle, ça fait du bien.
 

                Mots rumeurs, mots cutter vient donc s’ajouter avec brio à son prédécesseur Rouge Tagada. Roman graphique dans la même veine que le premier, il raconte toujours avec délicatesse un sujet difficile. Touchante, remarquable et sensible, cette série n’a pas fini de faire parler d’elle… et heureusement !





Charlotte Bousquet - Stéphanie Rubini
Chez Gulf Stream Editeur - Collection Les Graphiques

56 pages
14 euros 25







Charlotte Bousquet - Stéphanie Rubini
Chez Gulf Stream Editeur - Collection Les Graphiques
56 pages
14 euros 25





Et les autres ?
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  • Nathan >>> "On ne sait plus finalement où commence l'une, où commence l'autre, les deux auteures unissent leurs deux arts pour n'en faire qu'un et c'est brillant, poignant, sans jamais oublier de rappeler au lecteur que même dans les pires moments, il y a l'espoir. Une main tendue, un sourire et l'avenir peint de jours meilleurs."
  • Temps de livres >>> "Critique des adolescents (que nous fûmes), les auteures savent trouver les mots, les traits et les couleurs pour nous glisser dans ce monde. C’est dur et tendre à la fois. On a envie d’aider Léa, mais l’aurions-nous fait ?"

Une musique ?
Délicatesse, amour, sentiments, enfance, justesse,...



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