"Oui, elle l'attendait, elle l'espérait. Il n'avait que trop tardé."


◄►◄►◄ Présentation du livre ►◄►◄►



Par Pauline Alphen
Illustré par Charlotte Gastaut
Aux éditions Hachette
200 pages
15,90 €

◄►◄►◄ Mon avis ►◄►◄►



L’Odalisque et l’Éléphant est arrivé dans ma boîte comme un OVNI, mais en différent. Pour ma part -pas comme le Sultan- l’OVNI est un Ô Voyage Nouveau et Incroyable ! Bref, dès que je l’ai eu entre les mains, le livre murmurait des promesses insoupçonnées… L’objet livre en lui-même très beau, quand on en ouvre les portes, recèle de merveilles, trésors et pépites qui vous empoignent vers un monde délicieusement et admirablement étonnant, épicé, pétillant. Ce livre n’est pas un simple voyage, c’est une aventure extraordinaire au pays des songes et des mille et une nuits…

Ce roman est une histoire d’enfance. De rêve. Une fable qui raconte l’insouciance, la délicatesse, le survoltage, l’amour des enfants. C’est l’histoire d’une petite fille qui voit le monde en grand, qui en voit toutes les couleurs, qui en voit toute la poésie. Nos yeux suivent les vagues des cheveux de Leila, ses pieds qu’on distingue à peine, ses courses effrénées dans le palais et ses mots qui crient, chantent, sautillent, dansent un peu partout dans l’ambiance du livre… et ça fait un bien fou. On retourne à l’enfance la plus folle, la plus puérilement agréable…

Ce roman est une histoire d’antan, d’aujourd’hui, d’hier, de demain, d’avant-hier, de jadis, de nos jours, de maintenant, du futur, d’un lendemain proche, ou très lointain… Ce livre est une légende, un récit sans temps, sans cadre temporel. Tout est anachronisme ou tout est parfaitement à sa place. Il y a une universalité dans ce récit qui touche, qui nous marque. On le voit dans chaque mot, dans chaque idée, dans chaque folle invention de l’auteure, dans chaque illustration, dans chaque rire, dans chaque émotion. Ce livre raconte bien plus qu’une histoire de simples personnages : il dépeint le monde dans toute sa poésie, dans tous ses rêves, dans toute une ode pure et lyrique. Et dans une énergie écrasante et virevoltante, légère et terrifiante. Incroyable.

Ce livre est une histoire d’Amour, une ode à ce sentiment clair et unique qui vous transporte en vous-même et en l’autre, comme deux étoiles brisées. Ce livre est l’histoire d’histoires, qui par son universalité et cette histoire d’Amour parle à tout le monde : petits et grands, moyens et vieux, morts et vivants. L’Amour, tout simplement. Celui des sens, de goûter des mets délicieux, de regarder les couleurs éclatantes du harem, d’écouter les cris et les rires, les pleurs et les soupirs, de toucher les tuniques, les pierres, l’eau ou les plantes, de fermer les yeux et de sentir l’odeur des grands arbres, des fleurs immortelles et des cuisines grouillantes. Celui des plaisirs simples, comme des bonheurs les plus grands. Celui de l’amitié, de la famille, des étoiles et de la nuit. Celui d’Aimer, avec une Majuscule, comme un OVNI. Aimer éternellement.

Ce livre est la mille et seconde nuit de Schéhérazade. Pauline Alphen s’impose ici comme une conteuse hors pair et sensible, et montre, avec beauté et talent, à quel point elle sait raconter les histoires. Avec un ton merveilleusement sublime et des mots uniques, elle s’affirme en écrivaine adroite et avec une magie légère mais parfaitement dosée. Je suis sous le charme de cette plume qui me montre à quel point elle est magicienne, et qui écrit un texte avec ici un incroyable jeu sur les mots.

Pour finir, les illustrations sont la cerise sur le gâteau, les vitraux du sérail, les perles d’une robe comme celle du Sultan… Magnifiques et incroyables. Le seul regret est qu’il n’y en ait pas plus, elles sont à couper le souffle par leur poésie entre douceur et abondance, émotion et profondeur.

Ainsi, ce petit roman est un coup de coeur qui chavirera les cœurs… il vous emporte dans un flot de souvenirs, d’instants, et de projets. Il vous plonge au milieu d’émotions intenses et de personnages hauts en formes et extravagances. Pauline Alphen comme Charlotte Gastaut décrit un univers coloré et riche habituellement peut-être assez sombre, et finalement, elles n’oublient pas l’essentiel : voir tout cela par une lunette colorée. Des lieux superbes aux personnages excellents, on rit, on s’émerveille, on applaudit. Un petit chef d’œuvre tant par le texte que par les dessins. A lire, écouter, chanter, rêver…


◄►◄►◄ LES + ? ►◄►◄►
- Une écriture incroyable, talentueuse
- Des personnages attachants
- Un décor époustouflant
- Des illustrations magnifiques
- De l'émotion, et des thèmes qui touchent


◄►◄►◄ LES - ? ►◄►◄►
-

◄►◄►◄ EN BREF ►◄►◄►

Une mille et deuxième nuit sensible, profonde, colorée et pétillante !


"- Pourquoi devrais-je baisser les yeux comme une gazelle à la noix devant chaque homme quel que soit son âge et chaque femme plus âgée que moi, c'est à dire quasiment tous les êtres humains de ce palais ? Je ne vois vraiment pas l'intérêt de passer ma vie à regarder par terre alors que ce qui se passe dans le ciel est tellement plus intéressant.
[...]
- Essayons une autre voie : si tu baisses les yeux et masques ton regard, si tu fermes la porte sur ton âme, on ne peut lire dans tes pensées. Elles t'appartiennent." p28
"Bon. Le temps fit alors ce qu'il faisait déjà en ces siècles reculés et légendaires : il passa." p31
"Inévitablement, Leila grandissait. Même dans l'antiquité du temps et le passé de l'âge et de l'instant, tel était le destin des petites odalisques et de tous les êtres petits. A bien y réfléchir, rien n'avait changé depuis cette lointaine époque : le temps n'arrête pas de passer et les petites odalisques grandissent. Ce que peu d'entre elles savent aujourd'hui, c'est qu'il y a bien des manières de grandir. Grandir de l'extérieur, par exemple, tout le monde finit par le faire. Mais grandir de l'intérieur ? Et de l'intérieur vers l'extérieur ? Grandir comme cela nous chante et non comme le veulent les autres ? Grandir de façon harmonieuse sans exagérer, grandir sans piétiner l'enfance, est un exercice délicat. Il exige de la concentration, de la discipline, une dose adéquate de distraction et de fantaisie, une bonne pincée de rire et de jeu, un zeste de révolte et la muette fluidité des rêves. C'est l'affaire de tout une vie." p31-32
"Leila comprit que, pour connaître pour de vrai, il faut regarder de très près avec les yeux du dedans et sans se presser." p32
"Comme tous les enfants, Leila voguait dans l'éternité. "p33
"Par l'ogive de la fenêtre de la tour, Leila découvrit le monde et, surprise, s'endormit au son fluide de la lumière du couchant." p40
"Tandis que la petite odalisque s'endormait dans la tour, lui qui connaissait les roulis secrets du monde, lui qui, dans les plis de sa mémoire immense, berçait d'interminables rivières s'endormit aussi.
Et en dormant, Hati rêva."
"La nostalgie de quelqu'un qui, obstiné, tisse de lentes, d'infinies pelotes, qu'il fait et défait dans l'épaisseur des nuits. Puis, à la lumière du jour, déguise, nie et se tait. Quelqu'un qui attend."
 "Le temps qui ne renonce jamais continua à passer. Il passa tellement qu'il repassa au même endroit et trouva Leila dans sa tour, près de la fenêtre, plongée dans un livre rouge. Un nuage d'oiseaux minuscules, la voyant si immobile, jouait au toboggan dans les vagues parfumées de ses cheveux noirs.
Dans le passé de l'âge et du moment, le temps était bien plus jeune. Ce n'était pas encore ce temps que nous connaissons qui urge, rugit et ne s'étonne de rien. Il manifestait alors une certaine tendance à la distraction et un goût certain pour le chaos. Paresseux, flâneur, jamais à l'heure, il adorait provoquer la pagaille. C'était un temps un tantinet irresponsable. Et beaucoup plus marrant.
Alors le temps décida que, pour changer, il suspendrait son vol et ne passerait plus par là. Plus jamais." P63-64
 "Au pied de la tour, le harem pesait comme un secret." p101
"L'amour est incompréhensible..."  p178 
Et pour ceux qui ont lu le livre, et parce que je ne vais pas dévoiler toutes les citations, prêtez attention aux magnifiques pages 104/105, 137/138, 140, et 178/179...
Bonne lecture !


Et les autres ?
D'autres avis de blogueurs !
  • Le magnifique avis de Petites madeleines >>> "Pas de panique, cette troublante histoire impossible va couler comme un loukoum sur votre langue, vous allez comprendre et être bercé, vous allez rêver de jardins suspendus et de babouches dorées un sourire béat aux lèvres, parce que Pauline Alphen est la nouvelle Schéhérazade et que Charlotte Gastaut sait peindre des songes..."
  • Lis tes ratures >>> "Ce livre est un petit bijou."

Commentaires

  1. Tiens tiens, un petit bijou à rajouter à ma liste de livres :)
    La couverture est magnifique ! ça faisait longtemps que je n'avais pas lu de livres de ce genre, effectivement, il y a de quoi retomber en enfance ! Mais ça reste toujours beau et plein de poésie, comme tu le dis si bien.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu as bien raison et ce livre est juste incroyable...
      Merci de ton commentaire Ptit Biscuiit, moi je suis Papatissier ;)

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

J'aime les commentaires : ça me donne de l'audace !
N'hésite pas à poster ton avis, une idée, une blague, une remarque. Tout ce que tu veux, tant que c'est bienveillant !

Les articles les plus lus ce mois-ci