"Le livre, c'est l'immortalité d'une pensée, d'une époque, d'un auteur. Le livre nous décrit notre passé, fixe notre présent et préfigure notre futur."

C’était prometteur, comme titre, prometteur, comme saga ! On en entend du bien partout : des bibliothécaires aux libraires, en passant par les blogueurs (Théo en première ligne !). Et pourtant, immense déception. C’est tout simplement un phénomène incompréhensible : comment un livre comme Les Autodafeurs peut-il avoir ce succès-là ? Retour sur un tome 1 étonnant, prometteur, mais loin des attentes placées hautes par un public enthousiaste.
Le début est alléchant : il met dans un rythme particulier, fait entrer dans l’action par la mort d’un personnage important – le père – et nous rapproche, par ce fait-là, des personnages qui souffrent. Plus que cela, l’humour est déjà de la partie : un certain cynisme, un peu d’absurde parfois. Le jeune héros propose de déménager, alors qu’il n’en a pas même envie, et part vivre chez ses grands-parents avec sa mère et sa petite-sœur. Dans ce cadre familial ironiquement idyllique, des choses étranges vont se passer, des révélations vont se jouer… Une bataille d’un tout autre genre que celle psychologique entreprise par les personnages en deuil va se dérouler, dans ces sous-bois.
En fait, l’entrée en matière est réussie mais n’en rend que plus décevant la suite. Très vite, les clichés s’accumulent, et la nuance apportée est toujours contrebalancée par un nouveau stéréotype ou une incohérence. Ces points là se rapportent surtout aux personnages qui accumulent les poncifs : le jeune garçon en puberté, un ami un peu lourd mais sympa, une jeune indigène parfaite et dont il tombe amoureux. Si les schémas sont classiques, pourquoi ne pas en jouer, les renverser vraiment ? Il y a des tentatives, des prises de risque, très vite effacées par les pas en arrière, les clichés de l’ordre du genre principalement, comme ceux liés à d’autres comparatifs de personnages.
Plus que cela, la base narrative de l’histoire réussie est démontée par l’auteure elle-même quand elle use d’un style vieux-jeu souvent lourd. On fait allusion au destin, à la trajectoire du héros, on annonce deux cent pages en avance que toute l’histoire se joue ici… mais ça ne fonctionne pas. Pourquoi ne pas raconter une histoire avec un style plus aéré, plus pur.
Enfin, le troisième élément qui donne à cet ensemble un poids bancal est toujours lié à l’écriture, et notamment au message qu’elle transporte. Ode au livre ? Ode à certaines pratiques moins répandues et à des valeurs humaines ? L’histoire perd parfois de sa fraîcheur et de sa force pour véhiculer une idée. La subtilité est lointaine, on perd parfois l’intrigue dans le propos.
Heureusement, Césarine, la petite sœur, l’ « artiste » autiste drôle, attachante et sensible, tient le roman à elle seule. C’est un personnage singulier, un peu gênant, étonnant, et c’est aussi ce qui en fait son charme. C’est dommage car à travers elle, comme à travers d’autres éléments plus prometteurs (l’humour ou l’écriture), Marine Carteron prouve qu’elle n’est pas dénuée de talent, et on est déçus de ne pas en avoir plus de preuves.
Ode au livre, mais envie de rôder ailleurs… Les Autodafeurs est une grande déception mais a quand même du bon, principalement grâce à un protagoniste féminin particulier. Néanmoins, d’une intrigue qui ne tient pas toujours debout par son manque d’enjeu et d’originalité, à la construction narrative et celle des personnages clichés, Les Autodafeurs reste un mystère : qu’est-ce qui en fait son caractère unique et envoûtant qui plait tant à tous… ?

Sélectionné pour le prix La Voix des Blogueurs #3

◄►◄►◄ Présentation du livre ►◄►◄►



Par Marine Carteron
Aux éditions Le Rouergue, collection DoAdo
336 pages
14€90


Commentaires

  1. Bref : je n'ai toujours pas envie de le lire !

    RépondreSupprimer
  2. Je l'ai vraiment beaucoup aimé et je crois que c'est le tome 1 qui m'a fait replonger tête la première dans la littérature jeunesse !
    Par contre, incapable de te dire pourquoi... Césarine qui est drôle, la référence aux Trois Mousquetaires qui me parle, le personnage principal humain, superficiel mais parfois émouvant...
    La fin m'a moins plu mais je ne sais pas, ça a marché :)
    En espérant que les prochains romans soient bien mieux !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Wah tant mieux alors si ce livre a au moins pu participer à ça ! Tu as lu la suite ?

      Supprimer
    2. Oui j'ai la trilogie. La résolution m'a un peu déçue, mais je pense que c'est d'un point de vue adulte où je m'attendais à plus de complexité et subtilité. C'est vraiment un bon départ pour redécouvrir à quel point la litté jeunesse ne se moque pas (toujours) de nous !
      Un de mes 4e est sur le tome 2 après avoir adoré le 1, j'attends son avis.

      Supprimer
    3. D'accord ! Pourtant moi je trouve que l'auteur prend les ados pour des idiots !

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

J'aime les commentaires : ça me donne de l'audace !
N'hésite pas à poster ton avis, une idée, une blague, une remarque. Tout ce que tu veux, tant que c'est bienveillant !

Les articles les plus lus ce mois-ci